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29 septembre 2014

Une tombe, deux tombes, trois tombes... la tyrannie d'une impératrice visionnaire

Yunxuan avait vérifié la météo. Il devait faire beau. Il ne pleut pas ce matin, mais la brume ne nous convainc pas qu’il fasse tout à fait beau. Le chauffeur nous emmène cette fois à 85 km de Xi’an. Plus nous nous éloignons de la ville et plus le ciel se dégage. Nous regrettons d’avoir laissé nos lunettes de soleil. Une petite sieste plus tard, nous roulons à travers des vignes. Comme pour les grenades l’autre jour, les grappes de raisin sont parfois enfermées dans des sacs transparents, évitant ainsi d’être mangés par les oiseaux. Mais quel travail ! Le chauffeur s’arrête un peu avant le parking. Il nous indique les toilettes. Fou rire instantané. Nous sommes à la campagne. Ce que les Chinois qualifient de toilettes sont trois trous dans le béton séparés par trois murs haut d’environ un mètre. Même schéma chez les hommes. Ce qui est à toi est à moi…

La voie des esprits au tombeau Qian.
 
Aujourd’hui, une nouvelle expression va scander notre journée : « En avant ma cocotte ! » Il y a six sites à voir. Nous sommes au tombeau Qian, le plus important des tombeaux dans les environs de Xi’an. Nous empruntons la longue voie des esprits bordée de sculptures d’animaux et de gardes impériaux. Il reste deux énormes blocs de pierre qui constituaient une partie de la porte. Une stèle signale la tombe de l’impératrice Wu Zetian, seule impératrice ayant régné après avoir tué son mari, Gaozong, sa fille, la princesse Yongtai, et aussi son fils, le prince Zhang Huai. Le tyran se décline aussi au féminin. Mais elle a considérablement développé le pays à l’époque des Tang. Sur sa stèle, aucune inscription à part des poèmes ajoutés à l’époque des Song. Certains disent donc que c’est là qu’elle est enterrée et d’autres pensent que non. Toutes proches, 61 statues sans têtes. Il s’agirait d’une représentation des chefs de minorités qui ont assisté aux funérailles de l’empereur. Les statues ont été décapitées plus tard pour ne pas montrer qu’il y a autant d’étrangers en pays Han.
 

Stèle tombale de l'impératrice Wu Zetian.

Statues décapitées.

Le site aurait été choisi comme mausolée parce qu’il représente le corps d’une femme. Derrière la stèle érigée pour l’impératrice, une colline symboliserait la tête d’une femme, la voie des esprits le corps de la femme et deux autres collines plus loin les seins de cette femme.

Descente vers un tombeau.
 
Nous descendons la voie des esprits pour rejoindre le second site. Des voiturettes transportent les visiteurs d’un endroit à l’autre. Y aller à pied relève de l’impensable. C’est ici que nous allons descendre dans la première tombe. Un tunnel avec une forte pente descendante nous mène à une alcôve où la pierre tombale qui renfermait le cercueil est si bien protégée par une grille qu’elle n’est presque pas photographiable. Le long du tunnel, des objets retrouvés dans la tombe sont exposés dans des niches éclairées. Pour chaque tombe, un musée présente les objets autrefois enfouis avec le défunt. Enfin, ce qu’il en reste, car ces mausolées ont été largement pillés. Le tunnel qui descend vers la tombe est à chaque fois le même. La pierre tombale diffère en fonction de l’importance du sujet. Le sarcophage de l’impératrice Wu Zetian pesait 38 tonnes. Chaque site se rejoint en voiturette, à chaque arrêt des gens nous proposent des fruits. Nous voulons craquer pour des kakis, mais Yunxuan dit : « Trop cher, trop cher ! »

Reste d'une porte du tombeau Qian.
 
Nous retrouvons le chauffeur là où nous l’avions laissé. Il réitère sa remarque : nous ne sommes décidément pas rapides ! Yunxuan lui explique que nous ne sommes pas chinois ! C’est reparti pour trois quarts d’heure de voiture. Direction le Temple Famen où nous mangerons parce que là où  nous sommes, ce n’est pas bien. Nous expliquons que nous avons un peu faim. Quelques fruits en provision et du raisin achetés sur le bord de la route calmeront nos estomacs. Nous déjeunons tard d’un biang biang, plats de nouilles typique du Shaanxi. Le caractère écrit est d’une très grande complexité qui ne se reflète pas dans la multiplicité des saveurs. Toutefois, c’est bon et surtout pas épicé comme nous l’avons demandé.

Temple Famen.
 
Maintenant « en avant ma cocotte », car nous n’aurons pas le temps de visiter le double temple Famen. Construit au IIe siècle, ce temple abrite les reliques des phalanges sacrées de Bouddha offertes à la Chine. En 1981, de fortes pluies provoquèrent l’effondrement d’un pan de la pagode à 12 étages. Grâce aux travaux de reconstruction, on découvrit une crypte sous la pagode qui contenait plus de 1000 objets sacrificiels et offrandes  royales oubliées depuis des siècles. Un musée expose les reliquaires où avaient été déposées les phalanges, sachant que pour chaque phalange, il y avait plusieurs reliquaires afin de dérouter les éventuels voleurs. Seule la troisième phalange n’avait qu’un seul reliquaire. Les photos sont normalement interdites, mais tout le monde en prend, y compris sous le nez des gardes qui ne disent rien.

 Le temple Famen, version ancienne.

Nouveau temple Famen.


Après la découverte en 1981, un autre temple a été construit à côté de l’ancien. Les autorités locales ont considérablement fait agrandir le site. Une allée de 1,6 km bordée de sculptures modernes et de bouddhas dorés mène à une nouvelle pagode de très mauvais goût. Le contraste avec l’ancienne est saisissant. Le nombre de guides attendant de pied ferme le visiteur indique clairement la volonté des autorités de faire du business.

 

Nouveau temple Famen.

Les vraies reliques sont maintenant exposées dans la nouvelle pagode, attirant ainsi de nombreuses personnes. En forme de mains jointes recueillies, la pagode dorée trône sur une esplanade gigantesque. Nous nous demandons comment le mercantilisme peut être compatible avec la ferveur religieuse, et comment un pays qui a tellement réprimé les religions est capable de telles démesures si ce n’est pour gagner de l’argent.

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Au cours de cette assez longue journée, nous aurons vu deux sites, sachant que dans le premier, il y en avait plusieurs. Les Chinois en visitent cinq dans le même temps. Nous ne sommes vraiment pas chinois. La nuit commence à tomber. Il nous faudra une heure quarante-cinq minutes pour retourner à Xi’an. Dans la nuit noire, nul paysage à admirer.

Avant d’atteindre notre hôtel, nous faisons un arrêt au magasin de jade d’un ami du chauffeur. C’était notre demande et Yunxuan fait tout ce qu’il faut pour satisfaire nos envies et surtout au meilleur prix. Le magasin est une véritable caverne d’Ali Baba. D’énormes blocs de jade reposant sur des pièces en bois accueillent le client. De vraies merveilles dans lesquelles les veines dessinent de vrais paysages, et même dans un bloc de jade blanc un chien noir, gueule ouverte et queue fouettant l’air.
 
Et ensuite, ce sont des alignements de vitrine où sont étalées bagues, colliers, bracelets… Des sculptures de bateaux, des boules, des animaux sculptés… la journée a été trop fatigante pour tout apprécier. Plus nous nous enfonçons dans le magasin, plus la qualité augmente… et les prix avec ! Mais Yunxuan dit de ne pas nous inquiéter et de ne pas regarder les prix car ce ne sont pas les vrais prix. Qu’y a-t-il de vrai dans ce pays ? Chacun choisit ce dont il a envie et Yunxuan fait venir le patron. A cette heure tardive de la journée, nous ne comprenons pas comment 8800 ajoutés à 680 et ajoutés à 1680 font 1000 ! Et la vendeuse n’utilise pas un boulier, mais une calculatrice ! Nous renonçons à comprendre pour le moment. L’explication viendra plus tard, même s’il faut demander plusieurs fois pour avoir une réponse… ou quelque chose qui ne ressemble pas à une réponse. Après ces choix difficiles et ces négociations très mystérieuses pour nous, Yunxuan souhaite aller dîner avec le chauffeur et un autre ami à elle. Le centre commercial est fermé. Nous cherchons un restaurant et trouvons le même principe que la veille. Une tablette de chocolat achetée au 7 Eleven ravit nos papilles. Elle coûte à elle seule plus cher que notre repas pour trois !

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