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1 octobre 2014

Fête nationale et immersion chez une vraie Chinoise

 
Après notre séjour un peu trépidant à Xi’an, nous décidons de démarrer très calmement la journée. D’autant plus que c’est la fête nationale en Chine. Nous voulons en profiter pour mettre le blog à jour puisque nous n’avons rien pu faire à Xi’an. Et là, quelle déception ! Internet ne marche pas ou si mal ! Disons que c’est pire par rapport à notre premier séjour dans la capitale. Impossible d’accéder à hotmail, les applications du Figaro et du Monde ne se mettent pas à jour. Le quotidien de l’après-midi a dû avoir des mots pas très gentils pour l’Empire du milieu, car le site web et l’application sont totalement inaccessibles depuis notre arrivée. Autrement dit, les dernières nouvelles qui s’affichent sont celles annonçant le retour de Nicolas Sarkozy sur la scène politique ! Et nous sommes loin d’être des manchots. Nous essayons toutes les combinaisons. Rien à faire. Nous nous résignons à utiliser l’ordinateur de l’hôtel : gloups, la page hotmail s’affiche immédiatement, mais il est impossible de taper quoi que ce soit dans le login ou le mot de passe. Aucune touche n’inscrit aucune lettre. Puissante la censure… et aucune envie de se s’assoupir avec le réveil démocratique des Hongkongais.
 
Un rapide tour dans la rue nous apporte la preuve que c’est bien un jour férié. La circulation est quasi inexistante, et les bruits de la ville ont miraculeusement disparu. Contrepartie désagréable : il y a très peu de taxis. Yunxuan est revenue sur les genoux de notre séjour à Xi’an. En plus de la fatigue, elle a attrapé froid. Nous lui donnons une journée sans solde et son ami français prend le relais. Pas de chance, la pluie a décidé de nous accompagner. Nous optons pour le Musée national des arts.

 
L’entrée est gratuite. En échange, il faut montrer son passeport. Fichage facile. Notre hôte français a tellement souffert pour obtenir son visa de résident qu’il préfère le laisser chez lui de peur de le perdre et de recommencer le parcours du combattant face à l’administration chinoise. Il se promène donc sans pièce d’identité. Il peut entrer au musée à condition d’écrire son nom et son numéro de passeport sur une feuille volante ! Les premiers tableaux que nous découvrons sont éloquents : nous allons assister à l’autosatisfaction de la Chine et de ses dirigeants. Depuis Mao jusqu’à Xi Jingping, tous apparaissent sur un tableau.

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Et quand il s’agit d’illustrer la rétrocession de Hong Kong à la Chine, le prince Charles est représenté de côté baissant la tête tandis que Jiang Zemin se tient bien droit face au peintre, le regard fixe et sûr de lui. Les travailleurs sont aussi honorés, ils sourient et affichent un bonheur parfait. Ces tableaux sont pour la plupart immenses et représentent la majorité des œuvres exposées.

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On y voit aussi des tableaux modernes, dont plusieurs panneaux animés de néons très fortement inspirés de Morellet. Dans une pièce isolée, un texte sur l’art défile grâce à une vidéo et au fur et à mesure qu’il se déroule, il se délite, et les lettres tombent dans le vide se transformant en amas de neige par terre. Un immense photomontage de 12 mètres de long mélange le moderne et le traditionnel : un échangeur d’autoroutes côtoie un bâtiment traditionnel, les travailleurs des campagnes continuent leur tâches harassantes près des gratte-ciel. Le musée ferme à 17 heures. A l’heure pile, les gardiens annoncent la fermeture et nous invitent à rejoindre la sortie tout en éteignant les lumières. Le réalisme socialiste dans toute sa splendeur : travaux des champs, travaux des usines, muscles et sourires et de ci de là des couples dansant joyeusement après le riant devoir socialiste accompli. Il y a même la satisfaction éclatant des Tibétains accueillant les communistes à leur arrivée à Lhassa.

Il nous reste un peu de temps avant le dîner. Nous optons pour la déambulation dans un centre commercial où nous serons à l’abri de la pluie. Nous sommes à un carrefour dont chaque point cardinal est équipé de son monstre de la consommation. Celui que nous choisissons ne fait « que » cinq étages, mais il est réparti sur deux tours. Le circuit à l’intérieur permet de passer d’un immeuble à l’autre et donc de voir un maximum de magasins.

Affiche pour le 65e anniversaire de la République populaire de Chine.

Bien que ce soit l’équivalent de notre 14 juillet, tout est ouvert et globalement, nous avons trouvé beaucoup de commerces ouverts et vu des personnes travailler. Au rez-de-chaussée, une patinoire attire novices et patineurs expérimentés, y compris un bambin d’à peine 5 ans équipé de genouillères et d’un casque fusant à la vitesse de l’éclair. Nous sentons comme une anomalie dans ce tableau. Aucune sensation de froid ne monte de la piste. A bien y regarder, les patineurs ne laissent aucune trace sur le sol. Nous en concluons rapidement qu’il s’agit de fausse glace, comme on trouve parfois de la fausse neige pour faire du ski dans des lieux inadaptés.

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Patinoire en fausse glace dans un centre commercial.


 
Ce soir, nous sommes invités à dîner chez nos hôtes. L’occasion de découvrir un appartement chinois. Pour pénétrer dans ce bloc de 20 immeubles, il faut un pass et chaque entrée est surveillée par un gardien 24 heures sur 24. A raison de 20 étages par immeubles, de 6 appartements par étage et de 3 personnes en moyenne par appartement, nous avons donc une petite ville de 6000 habitants rien que dans ce bloc. La lumière dans les parties communes est faible, comme partout en Asie. Les portes des appartements font penser à des portes de prison. Elles sont toutes blindées et en cette période de fête, chacun a mis ses décorations, à dominante rouge.
 
Nous retrouvons Yunxuan dont la santé ne s’est pas vraiment améliorée, mais en bonne Chinoise hospitalière elle tient à honorer son invitation. L’appartement a une superficie de 60 mètres carrés selon les normes chinoises. En réalité, il doit en faire 40. Les chinois comptent les fenêtres dans la superficie ! C’est donc un grand studio que nous n’aménagerions pas du tout de la même façon en France. Nous y aurions mis un canapé-lit pour gagner de la place en journée. Ici, un lit très large occupe la moitié de la pièce. En face, la télé pour un home cinéma au lit. La cuisine est dans la pièce principale avec ses éléments alignés les uns à côté des autres. Ce qui reste de pièce à vivre est séparé par un ensemble de tiroirs. Il dispose également d’un balcon-véranda qui reste un espace vide en dehors d’un fauteuil. On y a mis le linge à sécher. La salle de bains n’est pas plus petite qu’une salle de bains parisienne, mais au premier coup d’œil on ne voit pas de douche. Si, si, elle est là, simplement il n’y a pas de cabine séparée. Le pommeau est entre le lavabo et les toilettes.

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Après cette découverte instructive sur le mode de vie des Chinois, nous allons acheter des légumes au marché chinois. A l’entrée, un vendeur a étalé ses produits par terre. Il est le seul, tous les autres ont un stand. Les étalages ressemblent beaucoup aux nôtres. C’est plutôt nous qui sommes l’attraction ! Yunxuan fait ses achats, privilégiant tel marchand pour les œufs, vendus au kilo, et tel autre pour le tofu.

Commerçant rassemblant la recette de sa journée.

Côté poissons, les crabes sont entassés et se battent pour un peu d’espace. Le marché est sur le point de fermer. Un vendeur sort la recette de la journée d’un tiroir, il prend les billets à pleine main pour les entasser dans un vulgaire sac plastique. Scène inimaginable en France. L’ambiance est détendue. Un habitué des lieux, mains dans le dos, se promène en se débrouillant pour nous croiser et nous dévisager. Il fait lui aussi une découverte.
 

Entrée du magasin Carrefour.


Tout près, nous avons envie d’une autre attraction : le Carrefour chinois. A quoi peut bien ressembler un supermarché à Pékin ? C’est ce que nous avons envie de savoir. L’entrée est aménagée de telle manière que chaque client doit passer par une galerie commerciale avant de pénétrer dans le Carrefour. L’organisation est très américaine. Les rayons sont gigantesques et toujours très bien fournis. Des produits sont installés sur des palettes dans les allées donnant une sensation d’abondance. Ici et là, des rayons signalent des produits importés. Les prix des produits importés sont les mêmes qu’en France, mais parfois ils sont aussi beaucoup plus élevés pour des marchandises identiques, en particulier le vin. Certains rayons sont très impressionnants : le choix de vinaigres frise la centaine, les sacs de riz ont toutes les tailles, de préférence familiale, les bonbons forment un arc en ciel multicolore. Nous en profitons pour faire quelques achats mais savons d’ores et déjà où nous nous fournirons pour nos courses alimentaires d’avant le départ.
 
Le dîner préparé par Yunxuan est simple et tout à fait délicieux : tofu et brocolis cuits, oeufs en omelette mélangés à de la tomate, un peu de riz et de soupe. Tout est très parfumé. Et pourtant sa cuisine est petite et elle n’a que deux feux. Quand nous lui demandons si elle a un four, la réponse est sans appel : « C’est quoi ça ? Non il n’y a pas ! » Celui qui veut manger du canard laqué va au restaurant. De toute façon, les Chinois ne s’invitent pas les uns chez les autres, quand ils souhaitent manger ensemble, ils choisissent un restaurant. Notre hôte français qui dispose d’un VPN pour se connecter à Internet en évitant le parefeu chinois est dépité : ça ne marche pas et il n’a jamais vu cela.
 
Cette immersion dans la vie quotidienne pékinoise nous charme beaucoup. Nous avons l’impression de faire deux voyages en un. Sans compter que chaque déplacement donne lieu à des questions et nous amène à nous interroger en permanence. C’est parfois un peu fatigant mais tellement stimulant. Il y a les touristes… et les voyageurs.
 

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