Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Chine en stock
Chine en stock
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 5 286
5 octobre 2014

Dans les entrailles de la Grande Muraille

Nous avons été intraitables sur le déplacement à la grande muraille. Yunxuan a eu beau nous montrer des photos diffusées dans les médias chinois s’extasiant de la foule compacte entassée au point de ne pouvoir bouger, nous n’avons pas fléchi. D’ailleurs, ces photos étaient probablement de la propagande ! Départ à 6 heures du matin avec une voiture et son chauffeur, puisque les Occidentaux n’ont pas le droit de conduire en Chine. La circulation est fluide à cette heure. Nous sommes en deuxième zone. Alors que nous avons déjà franchi la quatrième zone, un panneau signale que la sixième zone est dans 18 km. Telle une toile d’araignée, Pékin n’en finit pas d’étendre sa puissance. Le ciel est bleu, le soleil se lève lentement. C’est  la raison pour laquelle nous avions choisi cette journée pour découvrir cette construction hors normes. Le matin, nous avons croisé un groupe de Français à l’hôtel. Ils n’ont rien vu de la grande muraille qui était plongée dans le brouillard la veille.
 
Il ne nous faut qu’une petite heure pour arriver à Mutianyu. L’achat des tickets nous laisse perplexe. Yunxuan, restée à Pékin, discute au téléphone avec notre chauffeur qui va nous chercher les tickets à un autre endroit que les guichets. Il paraît que c’est moins cher. Nous n’y comprenons décidément rien. Il faut d’abord prendre un bus. Un écran diffuse une émission en tous points semblables à « Nouvelle Star ». Pour être sûr de ne rien rater, un haut-parleur crache au-dessus de chaque groupe de deux sièges. Nous ne comprenons pas l’intérêt d’autant de bruit surtout pour un divertissement qui n’a aucun rapport avec ce que nous allons voir. Fini la ville, nous sommes entourés de montagnes verdoyantes. C’est parti pour la montée. L’arrêt est assez loin du lieu d’entrée. Cette fois, il faut encore monter, mais à pied, pour atteindre le téléphérique. Le site ouvre à 7h20, il est 7h45. Nous sommes assez fiers d’être les premiers conquérants de la journée.

Téléphérique pour monter à la Grande muraille.

Grande muraille à Mutianyu.


La grande muraille se mérite. Une fois sortis du téléphérique, des marches nous attendent  avant de fouler le mastodonte. Nous choisissons notre morceau de muraille en fonction du dénivelé. Emerveillés par cette folie, nous ne mesurons pas la difficulté qui nous attend. La muraille épouse le relief, serpente pour rejoindre les crêtes où ont été construits des bastions. Ça monte et ça descend, ça descend et ça monte. Le soleil continue de se lever, détachant le lacet de pierre sur la verdure environnante. Nous croisons quelques hommes en train de remplacer des pierres abîmées. Ils les apportent sur le dos, deux par deux. La plupart de ces ouvriers ne sont pas de la première jeunesse.

Grande muraille au milieu des montagnes.
 
Nous nous félicitons d’être venus si tôt. Pour la Chine, et surtout pour les vacances chinoises, nous pouvons dire qu’il n’y a personne. Une famille nous demande  de poser pour une photo avec eux. En position, exécution ! Notre regard est sans cesse captivé. Même si la portion que nous arpentons a été reconstruite, c’est un rêve que nous réalisons. La grande muraille est un de ces lieux mythiques, si lointain pour nos contrées et tellement accessible en définitive une fois sur le sol chinois.

Montée d'un tronçon de la Grande muraille à Mutianyu.
 
Nous sommes devant la montée la plus difficile. Un ensemble de marches doit nous emmener au bastion le plus élevé. En faisant des arrêts réguliers, nous parvenons au sommet. Les dernières marches sont les plus redoutables. Effroyablement hautes, elles sont très abruptes. En évitant de penser à la descente, nous soulevons les cuisses et poussons un ouf de soulagement à la dernière marche. Une vendeuse de cartes postales, drapeaux chinois et boissons attend le touriste de pied ferme. Il faut imaginer les quelques centaines de mètres parcourus sur plus de 5000 km. C’est insensé comme entreprise. Le ciel est parfaitement dégagé. L’air que nous respirons est-il aussi pur qu’il paraît ? Nous gardons le souvenir de la pollution de Los Angeles portée par les vents jusqu’au Grand Canyon.

Ouvrier transportant deux dalles sur le dos.


Ouvrier remplaçant des dalles sur la Grande muraille à Mutianyu. 

Une fois à ce bastion, la muraille continue. Un panneau signale que la suite n’est pas ouverte aux touristes. Pourtant, les gens passent. Trois d’entre nous en font autant, pensant que le bastion suivant sera plus élevé et nous donnera une vue plus large sur la suite. Il n’en est rien. Il faudrait encore marcher longtemps. Nous profitons pleinement du paysage et du calme avant de rebrousser chemin. Les touristes commencent à arriver, mais ce n’est pas la densité que l’on nous promettait.
 

Reste de bastion à la Grande muraille de Mutianyu.


Vers 11h30, nous quittons l’endroit à regret. Après la descente en téléphérique, les magasins et restaurants nous attendent. Le traditionnel magnet est durement négocié, mais beaucoup plus cher qu’à Pékin, d’autant que nous n’avons pas notre négociatrice autochtone. Repas rapide à l’issue duquel certains repartiront avec les fesses humides : les sièges en velours avaient pris la pluie la veille et étaient restés dehors ! Et c’est au tour de notre Français de Chine d’être sollicité pour une photo aussitôt transmise que We chat.
 
Nous sommes dans les temps pour le retour à Pékin. Rrrrrr, rrrrrrr, le moteur de notre véhicule tousse. Les veilleuses sont restées allumées. La femme dans la voiture d’à côté a des pinces. Impossible de les brancher sur sa batterie enfouie au fond du moteur. Un attroupement se forme autour de notre voiture. La femme range son matériel. Une autre personne va chercher sa voiture et notre situation s’arrange. Le trajet pour retrouver Pékin durera une heure trente. On nous avait fait craindre des bouchons de plus de cinq heures !
 
Après une petite sieste, nous profitons du temps qui nous reste pour nous approvisionner au Carrefour. Soit il faut choisir en fonction des photos, sans savoir s’il s’agit de sucré ou de salé, ou il faut être accompagné pour avoir des explications et sélectionner les meilleurs produits au meilleur prix. Certaines vendeuses ont un masque en plastique transparent devant la bouche. Tenu par les oreilles, il ressemble à une seconde mâchoire. Le SRAS aurait-il laissé des phobies ? Nous avons déjà vu cela dans certains restaurants. Les caddies ayant conservé une taille normale (ce qui paraît tout à fait anormal par rapport à la taille du supermarché), la catastrophe sera évitée. Vinaigre, sauce de soja (oui, oui, il y en a à Paris, mais en acheter en Chine, c’est tellement plus exotique !), champignons séchés, gâteaux apéritifs, riz-couscous, bonbons, sauces piquantes, poivre du Sichuan et maquereaux en boîtes à défaut de trouver du serpent ou de la cervelle de singe… Et nous reculons devant les conserves de concombre de mer. On se croirait dans le XIIIe chez les frères Tang, sauf que grâce à notre amie chinoise, nous arrivons à percer les mystères des produits inconnus. Un dernier dîner de canard laqué car demain, nous quittons Pékin. Direction le sud : Shanghaï.

Publicité
Publicité
Commentaires
M
Mais où sont les photos qui sortent de l'appareil qu'on voit sur ton avatar ? ;)
Publicité