Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Chine en stock
Chine en stock
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 5 286
6 octobre 2014

Descente vers Shanghaï

Les vacances des Chinois ne sont pas encore terminées, mais nous quittons Pékin. Une fois de plus, nous prenons le TGV, cette fois direction Shanghaï. Notre guide préférée ne nous accompagne pas, elle doit rester pour régler des affaires. C’est notre compatriote qui va nous faire gagner du temps à Shanghaï où il a vécu un an. Pour notre départ, Yunxuan n’a pas manqué de nous laisser quelques cadeaux, comme si elle n’en avait déjà pas fait assez. Qu’importe, il faut accepter ces pratiques. A chaque nouvelle surprise, nous nous demandons comment nous allons la remercier. Il va falloir chercher des idées dès maintenant pour Noël, puisqu’elle devrait venir à Paris.
 
Le fonctionnement des gares et des trains n’a plus de secrets pour nous. En tant qu’étrangers, nous ne pouvons pas retirer nos billets à des bornes automatiques, il faut présenter les passeports à un guichet. Une fois de plus, le hall de la gare ressemble à un hall d’aéroport et pourtant la gare d’où nous partons n’est pas gigantesque. Le temps est beau, nous pourrons profiter du paysage.
 
Surprise au premier arrêt. Alors que le train repart, les deux conducteurs qui sont descendus se tiennent au garde à vous sur le quai face au train alors que celui-ci redémarre. Jusqu’ici, nous avions été épargnés par l’enfant jouant sur sa tablette sans casque ou le jeune adulte regardant un film dont tout le wagon peut profiter du son. Cette fois, derrière nous, une petite fille de 3 ans laisse son père tranquille en faisant éclater des bonhommes sur sa tablette avec un fond sonore répétitif, donc forcément insupportable. Ça c’est la Chine !
 
Nous retrouvons la même platitude que lors de notre trajet à Xi’an. Des cultures, des paysans au travail, des moissonneuses batteuses en action. Puis le relief est un peu plus accidenté. Nous nous arrêtons à Nankin, immense ville où des immeubles identiques sont alignés par dizaines. Après Nankin, nous traversons des petites villes où de petits bâtiments sont peints en blanc, ce que nous n’avions pas vu jusqu’à présent. Enfin, nous voyons des rizières, question de climat. Leur vert si caractéristique, si photogénique, remplace le brun clair des champs de céréales du Nord. Le train pénètre dans Shanghaï et met un bon moment pour s’arrêter. Tout de suite, la ville n’a pas la même allure que Pékin. L’immensité de la gare nous laisse pantois.
 
Après un déjeuner dans la gare, nous allons vers la sortie des taxis. Surprise ! La première sortie est fermée et quand nous arrivons à la seconde, la file d’attente est immensément longue. Pas question de tricher et de se faufiler, les gens avancent dans un couloir délimité par des barrières fixes. Il faut donc remonter toute la file pour faire le chemin en sens inverse. La bonne surprise, c’est que les taxis arrivent sans interruption. Donc les gens ne font pas du surplace. Nous devons marcher environ 300 mètres avant de progresser dans le bon sens. En réfléchissant, nous nous rendons compte que les Shanganais rentrent de week-end. Des personnes proposant des taxis cherchent à accrocher le client, pas seulement les étrangers. Ce sont des faux, évidemment, mais ils finissent toujours par convaincre quelqu’un qui est un peu pressé. Impossible pour nous de se lancer dans une telle aventure, nous payerions un prix totalement en dehors des tarifs officiels. Ce n’est pas comme à la gare du Nord à Paris : nous faisons la queue parce qu’il y a foule et pas parce que les taxis sont absents. Cela évite la déprime. L’observation des familles nous confirme une tendance déjà constatée ailleurs : beaucoup d’enfants sont en surpoids. Alors que les adolescents ont des lignes souvent fines, les plus jeunes enfants ont régulièrement de très bonnes joues, des bras enrobés et un corps trop important pour leur taille. L’effet de l’enfant unique que l’on gâte et de l’américanisation de la nourriture.
 
Nous réussissons à mettre nos valises dans un seul taxi. L’hôtel a été réservé par Yunxuan et son ami français le connaît bien puisqu’il y a séjourné. La ville lui est familière, la visite commence dans le taxi. Même si nous n’avons passé qu’une demi-heure à attendre une voiture, nous sommes en fin d’après-midi, le moment idéal pour une promenade sur le Bund. La nuit tombe dès 18 heures. Oui, ce sont vraiment les vacances.

La foule sur Nanjing Road.

A la sortie du métro, les trottoirs de Nanjing Road sont un fleuve humain. Et le Bund est bondé. L’accès est un peu compliqué. Le jeu consiste ensuite à trouver un emplacement pour admirer Pudong, de l’autre côté de la rivière. Attendre son tour en étant réactif est encore le meilleur moyen.

Pudong, vue du Bund.
 
Et là, on a beau avoir vu des images, c’est tellement mieux en vrai. Les ronds de la Tour de Shanghaï scintillent d’un rouge très national, le Décapsuleur, en lumières rouges lui aussi, la nargue de sa hauteur tandis qu’à côté une nouvelle tour en construction en forme de bouteille sera bientôt la plus haute tour d’Asie. Les Chinois n’ont pas apprécié que la Malaisie leur vole le record. Le ballet des bateaux pour touristes, très éclairés et sponsorisés, ne s’interrompt pas tandis que des péniches dans la pénombre remontent le fleuve telles des vaisseaux fantômes. Chacun suit sa route paisiblement. Les selfies et photos de famille sont la première préoccupation des Chinois, avant même de regarder le paysage. C’est plus important de rapporter la preuve de son passage sur le Bund que de regarder le Bund.

Détail de la plus célèbre tour de Shanghaï, mais détrônée dans sa hauteur.

Les lumières de Pudong trahissent la vivacité de Shanghaï alors que les immeubles historiques du côté où nous sommes nous ramènent à un passé prospère. Tous les bâtiments du début du XXe siècle ont été rachetés par des entreprises chinoises alors qu’auparavant il n’y avait que des étrangers.

Immeuble art déco du côté du Bund.

Immeuble art déco du côté du Bund.

Beaucoup d’Art déco et surtout un genre solide qui tranche avec les formes et les couleurs de la rive d’en face. On y trouve les archétypes de la construction des sièges sociaux européens des années 1900 à 1940, lignes rigides, matériaux de qualité. Mais ils sont sinisés à coups d’idéogrammes, de drapeaux rouges et de lions rugissants ou aimables  qui flanquent les portiques.
 

Deux oreilles de lapin lumineuses sur la tête !


L’objet futile du moment, c’est une couronne posée sur la tête avec deux pointes qui clignotent. On voit aussi des cornes et des oreilles d’âne, bien illuminées pour être sûr d’être vu. Comme nous commençons à en avoir l’habitude, les touristes occidentaux sont une paille au milieu de la foule aux yeux bridés. Nous faisons cette promenade tranquillement, découvrons avec stupeur une statue de Mao protégée par un arbre en nous demandant ce qu’il fait à cet endroit. Au bout de la promenade, un magnifique monument de béton blanc s’élance comme une flèche dans la nuit. A sa base un cercle sculpté au sens mystérieux, manifestement à la gloire des révolutions, mais est-ce celle du PC chinois ou celle de 1917, ou le passage de l’une à l’autre dans l’amitié sino-soviétique ?
 
Nous pourrions rester plus longtemps. Le changement de couleurs sur les immeubles incite à flâner. Et si nous avions raté quelque chose ? Quand il est temps de dîner, nous nous enfonçons dans une des rues perpendiculaires au Bund et y trouvons un bar à vins où nous nous régalons de tapas ! Petit cracking…

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité