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8 octobre 2014

Délinquance, trahison et disparition : pour Suzhou tous les vices sont permis

Une nouvelle aventure aujourd’hui. Nous reprenons le train pour aller à Suzhou, à 50 km de Shanghaï. Nous devons retourner à la gare par laquelle nous sommes arrivés. Nos billets ont été réservés par Yunxuan. Les Chinois retournent au travail et ça se voit tout de suite dans le métro. Pas une marche de disponible dans les escalators et la foule, compacte, avance en mode automatique vers sa ligne de métro. La journée commence par un acte de délinquance. Nous avons pris nos billets au guichet automatique, l’un d’eux refuse d’ouvrir le tourniquet. Comme nous n’avons pas énormément de marge en terme de temps, le détenteur du ticket récalcitrant passe sous le tourniquet. Acte fermement dénoncé par notre hôte français qui craint les pires ennuis à la sortie s’il y a quelqu’un pour contrôler. Le trajet dure une bonne demi-heure dans de relativement bonnes conditions. Il y a du monde, mais nous ne sommes pas telles des sardines dans une boîte avec de l’huile.

Evidemment, le vilain billet ne fonctionne pas à la sortie. Flûte, ce ne sont pas des tourniquets mais des coupe-jambes ! Il faut être réactif. Le ticket d’une Chinoise manifeste aussi un dysfonctionnement. Elle change de sortie, il faut la suivre et passer juste derrière elle au risque de se faire tailler les jambes en deux. Elle ne comprend pas bien ce qui se passe. Nous sommes contents de notre entourloupe qui nous permet de garder notre ticket recyclable car il n’a pas été avalé par la machine ! Acte I, délinquance.

Gare de Suzhou.

Suzhou a beau ne pas être gigantesque, sa gare est un immense bâtiment devant lequel s’étend une vaste esplanade. En son milieu, une énorme statue de granit façonné au marteau-piqueur à la gloire d’un héros qui reste anonyme pour nous. Au fond se détachent des remparts, un bastion, une porte fortifiée et d’immenses douves annonciatrices du règne de l’eau dans cette ville.  Nous devons trouver le quartier que nous souhaitons visiter. Le café étant indispensable pour certains, nous nous attablons dans un… McDonald ! Impossible de pénétrer dans la gare sans ticket, seule cette enseigne est accessible en dehors. Acte II, trahison. Le McDo est boycotté depuis de nombreuses années par l’un d’entre nous qui y a vécu une petite partie de sa vie professionnelle.

Nous décidons de passer par l’office du tourisme pour y voir plus clair, les conseils de Yunxuan ne trouvant aucune correspondance avec notre guide papier. Nous sautons dans un taxi qui met cinq vraies minutes pour sortir d’un tunnel qui se prolonge à chaque tournant. L’office du tourisme a dû déménager, car nous ne l’avons pas trouvé !

Canal Pingjianglu à Suzhou.

Maison traditionnelle à Suzhou.

Qu’importe, nous prenons à nouveau un taxi et rejoignons le quartier signalé par notre guide. Suzhou est réputée pour ses canaux et, comme souvent, surnommée la petite Venise. De fait, nous arpentons Pingjianglu et basculons dans un autre temps. La ruelle est piétonne ce qui n’empêche pas les scooters de s’y faufiler en klaxonnant pour avertir de leur passage. Elle est bordée de magasins et de restaurants logés dans des bâtiments traditionnels qui ont conservé tout leur charme.

Transport non polluant à Suzhou.

Canal tranquille à Suzhou.

De petits bateaux vont et viennent sur le canal, pilotés manuellement, comme les gondoles à Venise. Promenade touristique uniquement. Les maisons de thé sont aussi très présentes, mais dès que l’on prend une rue transversale, nous sommes au cœur d’habitations. Quelques très belles demeures ont été transformées en musée ou galerie.

Musée dans une ancienne habitation.

Après avoir pénétré dans la première salle, nous mesurons la profondeur du bâtiment. Une cour, puis une autre salle, et encore une cour. Les photos nous laissent globalement indifférents. En revanche, quelques sculptures sont intéressantes. En particulier, un ensemble de fleurs de lotus en verre. L’ « immeuble » de la police invite à la découverte tellement il se distingue de son environnement, mais nous jugeons prudents de ne pas tenter d’y pénétrer.

Des fiancés viennent s’y faire photographier. Les codes sont totalement différents des nôtres et les poses nous paraissent très surfaites, mais chaque couple exécute sa partition comme le demandent les photographes. Il est impératif de se marier en Chine pour avoir des enfants. Une naissance dans un couple non marié entraînera la non-reconnaissance de l’enfant, donc l’absence de scolarisation, l’absence d’identité aussi. Ce serait un apatride dans son pays.

Jeune couple se faisant photographier.

Deux jeunes gens habillés en habits militaires nous intriguent. Impossible de savoir ce qu’ils fêtent. Les poses en tout cas témoignent de la croyance en un avenir radieux et d’une indéfectible solidarité : la jeune femme joue la grande blessée et le jeune homme la prend sur son dos avec une parfaite imitation de l’épuisement. Mais ce choix des costumes nous paraît curieux pour des jeunes qui n’ont connu Mao que dans les livres. Certaines femmes ont des allures qui ne passent pas inaperçues. Chapeau large, robe noire, démarche langoureuse, elles tranchent face aux groupes de gens âgés assis au bord de l’eau pour discuter. Ils sont habillés dans des couleurs ternes, le plus souvent du gris ou du bleu très foncé. Pour déjeuner, nous repoussons une gargote où le menu semble unique : pattes de poulet à toutes les tables qui sont mangées avec des gants en plastique tellement elles sont grasses. Très peu pour nous. La gargote ayant la cote, nous trouvons de quoi nous rassasier au bord de l’eau avec un assortiment de raviolis tous très bons. 2 ou 4 yuans pièce : 25 ou 50 centimes d’euros et c’est dans un quartier touristique !

A chaque carrefour, les pousse-pousse attendent le client. Ils cherchent les touristes, mais les Chinois les prennent également. Nous continuons notre promenade dans Pingjianglu. Un tronçon entier est consacré à la soie, vendue sous toutes ses formes. Certaines portions ne sont composées que de restaurants et les magasins de petites horreurs ne sont pas en reste. Elles sont toutefois disséminées tout le long du parcours.

Pavillon dans le jardin de l'humble administrateur.

Notre prochaine visite est pour le Jardin de l’humble administrateur. Humble, hum, hum. Construit en 1509, l’endroit s’étend sur 5 hectares. Il a été réalisé par un très haut fonctionnaire au moment de prendre sa retraite. Voltaire ne l’avait pas encore écrit mais comme Candide il voulait enfin cultiver son jardin après une vie très active. Comme le jardin Yu à Shanghaï, il est parsemé de pavillons, d’étangs, de bassins à lotus et de fontaines. Une forêt de bambous délimite le versant nord tandis qu’à l’ouest un jardin des bonzaïs se révèle être une merveille. Environ 700 bonzaïs de toutes tailles, de toutes formes et de toutes espèces se laissent admirer sans aucune surveillance alors qu’il y a là une immense fortune. Certains ont sûrement 200 à 300 ans et leurs formes laissent imaginer les centaines d’heures de soin dispensées pour arriver à un tel résultat.

Etendue de lotus au jardin de l'humble administrateur.

Un des pavillons présente de magnifiques poteries. L’envie d’en rapporter une est forte. Nous demandons les prix. Parmi celles qui ont nos faveurs, la moins chère vaut 50000 yuans (6250 euros) et la plus onéreuse atteint les 200000 yuans. Un Chinois qui parle anglais nous conseille de ne rien acheter à l’intérieur du jardin. On peut trouver bien plus beau et bien moins cher ailleurs.

Pavillon bleu au jardin de l'humble administrateur.

Le plus beau des pavillons est sans doute le bleu. Ses façades sont presque entièrement couvertes de vitraux bleutés. Faire une photo est compliqué au milieu d’un groupe qui écoute attentivement les explications de son guide. Il faut trouver le bon angle, éviter le pingouin sur la photo. Or quand un pingouin vient de libérer l’espace, un autre surgit. Bref, le temps de faire LA bonne photo, la photographe se retrouve seule au milieu des Chinois. Les trois autres Français ont disparu de son champ de vision. Passage à gauche, puis à droite. Rien à faire, ils sont invisibles. Ils ont dû prendre le chemin de la sortie. Acte III, disparition. Alors qu’un membre de la bande des quatre prend le chemin du retour, son téléphone sonne. La question fuse : « Où as-tu disparu ? » Vraie disparition : ce parc est un véritable labyrinthe. Il faut dire que c’est un classique. Nous décidons de nous retrouver à la sortie du jardin, or il y en a plusieurs. Le point de rencontre sera donc l’entrée du Musée de Suzhou, très proche.

"Taxi" qui attend son client.

Il est 17 heures, le jardin est fermé, le musée aussi et les vendeurs ambulants et fixes de la rue ferment peu à peu. Il faut dire que le jardin ouvre à 7h30. La nuit commence à tomber. Un dernier tour dans Pingjianglu et nous retournons à la gare prendre notre TGV bas de gamme pour Shanghaï. Il y a en effet plusieurs styles de TGV en Chine. Ils se reconnaissent à leur numéro. Il y les très chics, comme celui que nous avons pris entre Pékin et Shanghaï, dotée d’une classe business en plus de la première classe et les omnibus comme celui dans lequel nous montons. Mais il ne lui faut qu’une demi-heure pour rejoindre la grande ville alors que le train « normal » met une heure trente.

Esplanade devant la gare de Suzhou.

Après le hall des arrivées qui nous avait surpris par son immensité, nous sommes tout aussi étonnés de la grandeur du hall des départs. Le train s’est beaucoup développé en Chine ces dernières années et nombre de gares sont sorties de terre pour accueillir ce mode de transport. Ils en sont fiers et cela se voit. Notre arrivée se fait dans une gare différente de celle du départ. Nous laissons notre franco-chinois choisir le quartier pour manger. Ce sera dans la concession française où nous dégusterons un hamburger américain très savoureux. Encore une première pour l’un d’entre nous, à 75 ans et en Chine. Que d’aventures !

 

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